« Le point médian est à l’écriture inclusive ce que le tofu est à une alimentation végétarienne »
Cette phrase signe ma véritable rencontre avec l’écriture inclusive.
6 décembre 2019, remise du prix Pierre-François Caillé de la traduction. La soirée commence par un discours de Lucile Gaillard sur l’écriture inclusive et le travail effectué par la commission dédiée à cette question au sein de la Société Française des Traducteurs (SFT). Cette phrase prononcée me marque, m’interroge. L’écriture inclusive, j’en ai déjà entendu parler, bien sûr, une institution allemande pour laquelle je travaille me demande même d’en appliquer les principes. Appliquer, c’est bien le terme puisqu’on m’a fourni un guide de style détaillé qu’il suffit de suivre à la lettre. Les bases de données sont fournies, les termes à utiliser sont définis avec précision. Une recette à suivre, en définitive, et non une réflexion profonde sur la langue.
Je rentre donc en Normandie avec l’envie d’en savoir plus. D’ailleurs, le sujet me semble être un thème parfait pour une réunion trimestrielle de la délégation Normandie de la SFT, je soumets donc l’idée à mes deux co-déléguées. C’est acté, notre réunion de mars 2020 à Caen portera sur le sujet, je me rapproche de la Commission Écriture inclusive pour l’organisation. Isabelle Meurville accepte d’animer un atelier à distance, après quelques tests techniques, tout semble bon, la réunion promet d’être passionnante.
C’était sans compter sur l’intrusion du coronavirus. Fermeture des écoles, confinement, tout s’arrête, nous retenons tous et toutes notre souffle. Bien sûr, notre réunion est reportée. L’intervention d’Isabelle aura finalement lieu le lundi 22 juin 2020, en ligne. De l’histoire de la langue et de sa masculinisation aux avantages apportés par la rédaction non sexiste en passant par les solutions existantes, tout est abordé, éclairé. Ce que je découvre fait écho à mon féminisme balbutiant. Pour moi qui frémis encore suite à la lecture de Sorcières de Mona Cholet, c’est une révélation : des mots viennent enfin se poser sur cette colère vrombissante qui m’anime depuis si longtemps déjà. Le déclic a lieu, enfin j’ai trouvé mon cheval de bataille, la pierre que je peux apporter à l’édifice de la lutte pour l’égalité femmes-hommes.
Dans mon esprit, un projet se forme, mais ma soif n’est pas encore suffisamment étanchée. Il me faut des bases plus solides pour avancer sur cette voie. À nouveau, je contacte Isabelle, je lui expose mon projet et mon envie d’être formée par ses soins. Nous convenons d’une formule et en juillet 2020, c’est chose faite. Parallèlement je multiplie les lectures, les ouvrages d’Éliane Viennot en haut de la pile.
Je suis persuadée que, lorsque nous sommes sur la bonne voie, lorsque nous suivons notre intuition, tout s’aligne. C’est en tout cas ce qui s’est produit pour moi. De plus en plus engagée, je commence à parler de mon projet à mon entourage, et notamment au sein de l’espace de coworking que je fréquente. C’est ainsi que le Club Normandie Pionnières me propose de faire une intervention sur la rédaction non sexiste au cours de l’un de leurs petits-déjeuners mensuels. Le rendez-vous est pris pour le jeudi 17 septembre 2020. Une échéance qui me terrifie un peu, mais qui me force à me jeter à l’eau. Habituée à me « cacher » derrière mon écran, cette présentation est un véritable baptême du feu pour moi. J’arrive tremblante, mais, une fois lancée, je prends un immense plaisir à partager mes convictions, à sensibiliser sur ce sujet qui est selon moi essentiel. Les retours sont excellents et étayent mon intuition : c’est le bon chemin pour moi, il y a de grandes choses à faire et j’en suis capable.
Voilà la confirmation dont j’avais besoin pour lancer officiellement ma nouvelle activité et me positionner fièrement comme experte et formatrice en rédaction non sexiste. Entreprises ou institutions de Normandie et d’ailleurs, vous savez désormais à qui faire appel pour vous accompagner sur la voie de l’inclusion.