I used to hang my head low

Il y a quelque chose en moi qui déborde systématiquement. Longtemps, j’ai voulu être dans la norme, trouver une case dans laquelle, enfin, je rentrerais. Force est de constater que je ne suis pas contorsionniste. J’ai tellement lutté pour rogner mes « trop » que j’ai négligé leur exploration et, plus important encore, leur acceptation. Leur revendication.

Trop jeune, trop femme, trop inexpérimentée, trop peu scolaire, parcours trop atypique, trop mère, trop célibataire, trop féministe, trop passionnée, trop sensible, trop ambitieuse. La liste est, bien entendu, non exhaustive.
Plus jeune, je ne me suis jamais sentie bien avec moi-même. Alors j’ai tout fait pour me caser et suivre le schéma le plus classique qui soit. CDI, mariage, enfant. La bonne vieille recette du bonheur. Spoiler alarm : cette recette n’a pas marché pour moi.
À 25 ans, j’ai tout envoyé balader. Me voilà mère célibataire et freelance. Je touche du doigt ce qui pourrait bien ressembler à mon équilibre à moi. Il me faudra cinq ans de plus pour vraiment le saisir. Que voulez-vous, les schémas et injonctions de la société, de l’éducation sont des durs à cuire. Et puis, un jour, comme une illumination : l’acceptation, elle débute à l’échelle individuelle. Tout commence par soi. Quand le regard que l’on se porte change, alors le reste peut suivre.
Cinq années, donc. Cinq années d’évolution, de prise de conscience, de lectures, de découvertes, d’impasses qui se transforment en issues inespérées. Cinq années pour faire taire la peur d’être soi. Cinq années pour entrevoir l’ampleur de mon potentiel. Cinq années pour assumer mes propres ambitions et commencer réellement à m’en donner les moyens. Trouver ma voie·x. Ne plus porter ces « trop » comme un fardeau, mais comme un étendard. Celui de mon identité. Ce qui me distingue. Ma propre puissance.
Je déborde systématiquement des cases et c’est tant mieux, car, les cases, personne n’y rentre et il est grand temps de les submerger.